mardi 25 août 2015

Trek de Santa Cruz, un bijou !

Hola todos !

Après ces belles randonnées d'acclimatation et de mise en jambe autour de Huaraz, nous voilà prêts pour aller plus loin. Direction le trek de Santa Cruz sur quatre jours.


Après les recommandations et conseils précieux du jeune gérant de notre auberge, nous décidons de partir seuls en autonomie complète. Nous avons une carte, enfin plutôt un croquis sommaire des lieux proche du 1/100 000e sans doute... Ça devrait suffire car cet itinéraire est un classique du coin. Nous faisons le plein de victuailles pour 4 jours, donc si vous comptez comme nous, ça fait 4 pique-niques + 3 p'tits déjs + 3 dîners + du grignotage + un peu de rab car on ne veut pas mourir de faim = c'est lourd! On rajoute le minimum pour les bivouacs : tente, matelas, duvet, réchaud, popote et affaires chaudes, car on sera en altitude, du coup le résultat est TRÈS lourd !!!

Jour 1 :  Vaqueria - Paria - D+550m / D-300m
Départ à 6h de Huaraz avec un premier collectivo qui roule dangereusement, on s'en serait bien passé, mais au moins ça réveille... Puis on prend un autre collectivo pour 3h30 de piste tape-cul pour traverser la cordillère blanche. On repasse devant les lagunas Llanganuco de l'autre jour toujours aussi bleues vertes, et la piste serpente sans fin, on se demande où elle peut être tracée tellement les pentes sont raides et vertigineuses autour de nous. On est à hauteur des glaciers, et on finit par arriver à une petite brèche taillée dans la roche à 4700m (!!!!!), c'est le col ! Nous passons de l'autre côté, non moins impressionnant et descendons sur la piste toujours aussi chaotique. Cette route est extraordinaire, les points de vue sont incroyables tout le long sur les glaciers si proches et les lagunes en contrebas. On en prend plein les yeux, c'est sans doute la plus belle route qu'on n'ait jamais vue.




Le chauffeur nous dépose au bord de cette piste, sous un bosquet d'arbres, là où semble commencer un petit sentier. On est à 3700m, il est midi et le soleil tape fort. C'est parti ! Ouaïeaïeaïe que les sacs sont lourds... Nous marchons 10 minutes et faisons tout de suite une pause : salade de riz, thon, tomates, bananes, et voilà un bon kilo de moins !

Le sentier traverse deux petits villages. Les enfants rentrent de l'école, ils marchent vite, impossible de les suivre... Nous remontons progressivement (et difficilement!) une vallée, longue mais avec peu de dénivelé finalement. La végétation est bien fournie le long du ruisseau. Quelques vaches, chevaux et moutons broutent tranquillement et quelques bergers les surveillent d'un œil depuis un caillou tandis que des groupes de mules transportent les sacs et les campements de randonneurs. La vie semble bien paisible dans cette vallée reculée.





Quelques sommets enneigés pointent leur nez au loin, des formes très pointues et très esthétiques.
L'un d'entre eux ressemble presque à une pyramide parfaite et doit faire rêver quelques alpinistes. Finalement avec de la patience on arrive au bout de cette étape. On prend même un peu d'avance sur celle du lendemain en plantant la tente 30 minutes plus loin que le campement habituel. Nous sommes donc seuls, loin des groupes guidés. Le temps s'est bien couvert ce soir, on ne tarde pas à se faire à manger, et à se coucher. C'est fou comme l'eau met du temps à bouillir à 4000m...


Jour 2 : Paria - Tollipampa - D+975m / D-700m
Cette étape est l'étape clé du trek, avec le passage de Punta Union, un col à 4750m.
Après une excellente nuit, on part tranquillement, le temps est déjà couvert ce matin, dommage. Le sentier remonte le fond de cette vallée en longeant toujours le même torrent.


On remarque un canard canyoneur, le "canard des torrents", qui joue avec les mouvements d'eau, saute, il semble bien s'amuser dans ce ruisseau accidenté et ludique ! Nous ratons la seule bifurcation possible du jour, pas de panneau, carte peu précise et personne autour de nous à ce moment là. Au bout d'un moment, on se rend à l'évidence... Finalement nous perdons une bonne heure avant de retrouver le bon chemin...

La montée au col se raidit au fur et à mesure qu'on se rapproche et on en bave. Nous prenons de l'altitude et de hauts sommets à plus de 6000m se dévoilent autour de nous. Nous marchons doucement, doucement, doucement... Pas après pas, nous voilà finalement en haut. La vue de l'autre côté est incroyable ! Nous sommes au pied d'un sommet énorme, son glacier est juste là à portée de bras, la laguna Taullicocha juste en dessous illumine le décor, et la laguna Jatuncocha au loin rajoute une touche de bleu. On reste un petit moment à admirer ce beau vallon et les sommets qui le dominent. Superbe !

   Vallée de laquelle on vient

   Vallée dans laquelle nous poursuivons le trek






Il ne fait pas chaud, nous descendons de l'autre côté du col, dans cette vallée qui nous fait face et passerons les deux prochaines étapes à descendre pour sortir de la cordillère. Nous plantons la tente à 4200m le long d'un ruisseau sur un beau matelas d'herbe bien douillet. La lumière est superbe avec le soleil de fin d'après-midi qui réchauffe notre petit camp de base. Hummm quel bonheur de dormir en montagne !


D'ailleurs connaissez-vous ce bonheur précis ? Imaginez seulement...
Après une bonne journée, vous êtes bien fatigués, vous vous posez par terre à côté de la tente, et respirez profondément laissant enfin vos muscles en paix. Le soleil finit par se coucher, emportant avec lui de précieux degrés, vous enfilez vite bonnet et doudoune et savourez en silence la beauté des montagnes qui vous entourent. Les minutes défilent sans bruit, la nuit commence à tomber, il est temps de se faire chauffer quelque chose. Vous allumez le réchaud, espérant qu'il ne vous trahisse pas, et attendez tranquillement que ça chauffe. La nuit est maintenant bien noire, vous vous sentez bien petit devant cette ambiance nocturne imposante. Vous vous prenez pour un chef étoilé lorsque les pâtes chinoises sont enfin prêtes : la chaleur de la soupe est juste parfaite, les pâtes semblent excellentes. Oui, le goût est devenu très subjectif, un rien fait plaisir... Une fois englouties, vous rangez tout, portez un dernier regard sur le ciel magnifique chargé d'étoiles. Vous rentrez sous la tente, vous vous enfilez dans votre gros duvet ne laissant sortir qu'un bout de nez et attendez qu'il chauffe doucement. Vous repensez à cette belle journée, à celle de demain et vous endormez profondément...


Jour 3 : Tollipampa - Llamacorral - D+410m / D-730m
Le soleil est là, le ciel est d'un bleu profond splendide ce matin, il n'y a pas un nuage. L'air semble pur, tous les sommets sont parfaitement nets, nous savourons notre petit déjeuner au soleil au milieu de ce décor incroyable.



Nous continuons à descendre cette vallée aujourd'hui, mais faisons une petite variante recommandée. C'est un aller-retour jusqu'à la laguna Arhueycocha, un lac glaciaire à 4450m. Du coup on laisse nos sacs derrière un rocher et on monte léger ! Encore un lac, certes, mais sans doute le nec plus ultra... On s'enfonce au fond d'un cirque surplombé à 360° par plusieurs 6000, dont l'Alpamayo pour le plus connu, ou encore l'Artesonraju, emblème de Paramount Pictures pour les cinéphiles...
On remarque les épées de glace sur les glaciers quasi verticaux qu'on ne trouve que dans les Andes. Un glacier se jette dans ce lac bleu turquoise laissant dériver quelques petits icebergs. Cadre incroyable, et nous sommes là juste avant les cumulus de l'après-midi, appréciez seulement les photos, les descriptions sont vaines... Exceptionnel !

    L'Alpamayo à gauche

   L'Artesonraju, le plus haut en forme de pyramide

   La laguna Arhueycocha


   Belles épées de glace dans cette immense "meringue"


La suite de la descente traverse une zone sableuse désertique, moraine du glacier autrefois. Le fond de la vallée est maintenant tout plat sur de longs kilomètres, la lagune Jatuncocha (celle que nous voyions depuis le col) illumine le décor en fin d'étape.



 
    Laguna Jatuncocha




    Dernier bivouac, toujours avec le même plaisir...

Jour 4 : Llamacoral - Cashapampa - D+0m / D-800m
La dernière étape consiste à finir de descendre la vallée pour rejoindre le village de Cashapampa. De là, nous prendrons un collectivo pour Huaraz.
Le soleil brille tôt ce matin, il est dans l'alignement de la vallée, c'est agréable de prendre le petit déjeuner dehors quand la nature se réchauffe. Nous longeons le torrent qui a bien grossi par rapport au haut de vallée. L'eau est claire, de beaux rochers, superbe! Nous sommes en bas au bout de 3h de marche, retour à la civilisation au petit village de Cashapampa à 2900m d'altitude.

Le collectivo nous descend 1000m plus bas à Carraz en 1h, et 2h plus tard nous voici à Huaraz. On dévore un ceviche et une bonne assiette de poulet avant de filer à la douche ! Ça aussi c'est bon ! Enfin plus que nécessaire... :-)




A propos, les midis nous avions opté pour de la semoule agrémentée de thon et d'olives, sur les bons conseils d'Hugo et Alice, deux voyageurs rencontrés au Népal à l'automne 2014. En effet la semoule présente un bon rapport poids/énergie, et elle est surtout facile à préparer : un peu d'eau froide et quelques dizaines de minutes plus tard, la voilà prête à être dévorée. C'était sans compter que la semoule péruvienne est bien différente de la notre : très très fine, ce qui une fois réhydratée donne une sorte de pâtée pas très appétissante. Un jour ça passe, deux jours ça devient dur, et trois jours... Ça ne passe plus ! Bref merci les copains :-)

Ce trek de Santa Cruz nous aura laissé de superbes images en tête ! Le poids du sac était franchement gênant les deux premiers jours. Si c'était à refaire, on se dit qu'on peut marcher trois jours voir quatre en autonomie, mais au delà il faudrait solliciter les services d'un muletier et de sa mule. Cependant les beaux souvenirs que nous gardons nous ont déjà fait oublier nos épaules endolories.
La cordillère blanche est vraiment une perle qui nous aura impressionnés !

Pour les intéressés, nous vous dévoilons un petit secret qu'il ne faut pas dire trop fort : la cordillère Huayhuash non loin semble être le summum absolu, mais il faut au moins 10 jours pour en faire le tour. Ce sera pour une autre fois...

La bise allégée !

lundi 24 août 2015

Débuts péruviens à Huaraz

Hola hola !


Nous voici débarqués depuis quelques jours au Pérou. Après un passage éclair à Lima, nous avons mis le cap directement sur la cordillère des Andes. En effet, la capitale péruvienne ne nous a pas semblé très attrayante et surtout nous avions très envie d'aller en montagne. Du coup nous avons pris un bus pour Huaraz directement le premier matin.

En quittant Lima, nous traversons des quartiers très pauvres, la ville semble très poussiéreuse, quasi sans verdure, constamment sous une chape de nuages gris, et surtout gigantesque (7 millions d'habitants quand même...). Bref nous n'avons effectivement aucune envie de nous éterniser ici, peut être à tort. Une fois sortis de l'agglomération, la route longe le Pacifique, à flanc de dunes de sable énormes, si impressionnantes que le décor nous semble irréel. Puis la route s'enfile dans une longue vallée toujours aussi sèche, et prend peu à peu de l'altitude. Nous montons jusqu'à un col à 4000m, la cordillère blanche et ses hauts sommets se dévoilent, le paysage est grandiose! Nous sommes bien contents de ne pas avoir fait cette si belle route de nuit !







Changement de décor radical après la Colombie, mais le plus flagrant est sans doute de voir les locaux coiffés de beaux chapeaux traditionnels. Les femmes avec leurs longues tresses de cheveux portent de hauts chapeaux, et de petits baluchons de tissu coloré sur le dos. Pas de doute, on est bien au Pérou !!! Quel plaisir de découvrir tout ça !





Huaraz est une petite ville à 3100m d'altitude, neuve mais pas vraiment jolie. Elle a été reconstruite après 1970, date à laquelle un tremblement de terre l'avait quasiment détruite (7,8 sur l'échelle de Richter, plus de 70 000 morts dans la région). C'est une ville centrale, le point de départ d'innombrables randonnées et expéditions. Les randonnées montent quasiment toutes à plus de 4000m. Nous ne sommes pas bien vaillants en arrivant, il nous faut nous acclimater. Nous passons donc une première journée à repérer les environs et à nous reposer tranquillement.







Nous partons marcher le lendemain à la laguna Willkococha, à 3700m d'altitude. Le sentier longe des cultures et des habitations à flanc de montagne, et monte doucement mais sûrement (on le sent passer quand même...). Nous sommes dans la cordillère noire, moins haute que la cordillère blanche en face, et très authentique. Après 700m de dénivelé, nous arrivons à un petit lac d'où la vue est époustouflante sur les hauts sommets de la cordillère blanche. Le Huascaran (6768m), le point culminant du Pérou, se dresse devant nous, ainsi que d'autres sommets tout aussi gigantesques, impressionnant ! Nous sommes scotchés devant ce spectacle, nous apprécions cette vue incroyable pendant de longues minutes.




















La seconde journée sera consacrée à la laguna 69, un lac situé à 4650m, dans la cordillère blanche (parc national Huascaran). Une grosse journée qui commence à 5h du matin pour prendre le bus. Après une heure de route, on enchaîne sur deux heures de piste aussi chaotiques que superbes toujours avec le même bus. On entre dans une vallée encaissée où des falaises abruptes tombent de chaque côté. On longe d'abord les deux lagunes Llanganuco qui sont d'un bleu vert éclatant sous un ciel bleu profond matinal, c'est incroyablement beau ! Nous sommes au pied du fameux Huascaran qui se dresse à quasi 3000m au-dessus de nos têtes, très imposant. Le sentier démarre à 3900m et remonte une vallée tranquillement, la végétation change au fur et à mesure que nous prenons de l'altitude, les arbres se font rares au-delà de 4000m. Les sommets enneigés autour de nous sont tous aussi abrupts les uns que les autres. Ils ne semblent pas se laisser approcher facilement, les glaciers sont particulièrement hostiles. Aucune envie de s'y frotter, la randonnée sur sentier sera largement suffisante... Le temps se couvre un peu, mais nous arrivons à 4650m à la fameuse laguna 69 avec de beaux rayons de soleil. Elle est d'un bleu profond incroyable, toute entourée de rochers, au milieu d'un cirque surplombé par de hauts sommets enneigés. Tous les glaciers juste au-dessus semblent avoir bien reculés ces dernières années. L'altitude se ressent, on marche doucement, mais on n'a pas de mal de crâne, ouf ! Vraiment une superbe journée, malgré l'engouement touristique qui est vite oublié une fois que chacun a pris son rythme.


   Laguna Llanganuco



   


   Les deux Huascaran 



   Laguna 69



Nous passons une troisième journée de rando à la laguna Churup. Et oui encore une nous direz-vous...  Les décors sont tellement beaux et si différents à chaque fois qu'on ne s'en lasse pas. Nous quittons Huaraz à bord d'un petit collectivo local (sorte de mini van), rempli de locaux. Une majorité de femmes, toutes avec leur beau chapeau. Elles rient aux éclats, l'ambiance est très joyeuse ce matin. Nous nous ferons déposer à Pitec tout en haut de la route, une bonne demi-heure après les dernières habitations, ce qui nous facilite grandement la tâche. On négocie avec le chauffeur pour qu'il nous reprenne au même endroit l'après-midi, et voilà de précieuses heures de gagnées !

Le sentier est évident, monte tranquillement jusqu'à un passage où il faut mettre les mains. Ah voilà qui nous fait plaisir ! La laguna Churup se dévoile juste après à 4450m. Elle est splendide, ses bords sont verts, et avec ce beau sommet qui domine le cirque, vraiment c'est classe ! On pousse encore une bonne heure jusqu'à la laguna Churupita, sa petite sœur à 4580m. Au pied du glacier, d'un bleu très clair, elle est toute mignonne. Le sommet est juste au-dessus de nous, des cathédrales de glace menacent de tomber... On sent que les glaciers reculent énormément partout ici aussi, il ne reste finalement pas beaucoup de neige au niveau de ces immenses sommets. On ne traîne pas pour ne pas rater le collectivo, sous peine de rajouter un bon morceau de descente. Encore une superbe journée en altitude qui s'est super bien passée.


   En montant vue sur la cordillère noire










   La petite sœur, la Churupita


  Le collectivo nous attend !

Un petit point flore s'impose. Dans le parc national de Huascaran (la cordillère blanche), la végétation semble être du type paramo, une végétation dont nous vous avions parlé lors de l'article sur Pereira en Colombie. Comme plantes caractéristiques du coin, il y a notamment la puya, qui pousse entre 3200 et 4800m, met entre 70 et 100 ans à se développer et meurt après son unique floraison ! Elle peut atteindre jusqu'à 3m, certaines étaient presque aussi grandes que Vincent ! Les très rares quenuals poussent aussi ici, ce sont des arbres étranges, à écorce multicouche feuilletée, de couleur orangée, qui nous plongent dans une ambiance mystique. Ils vivent généralement au dessus de 3000m. Comme autre plante caractéristique il y a l'ichu, une espèce de graminée qui pousse sur l'altiplano andin. Il y a aussi des quantités incroyables de lupins violacés... Ce sont des exemples parmi tant d'autres, mais voilà déjà là un bel échantillon !


   L'immense puya... Et les ichus aux pieds de Vincent (ces touffes dorées)


   Les quenuals


   Les tristerix longebracteatus (un parasite)

   Les lupins 


   Opuntia exaltata

Bref, ces trois belles randos de mise en jambe sont une bonne entrée en matière en altitude qui nous rassure pour la suite ! On envisage de partir quatre jours en autonomie, à suivre au prochain épisode...

Pour clore le tout, on déguste un bon cuy (prononcez "couille"), le met local par excellence. Mais qu'est ce donc ? Du cochon d'Inde ! C'est plutôt bon, et puis il fallait bien goûter quand même...


La bise d'altitude !